L’expertise du Canada en matière de recherche universitaire a aidé le pays à devenir un chef de file dans l’essor de l’intelligence artificielle (IA). Au fur et à mesure que l’écosystème mûrit, ces jeunes entreprises – alimentées par de grandes idées – sont confrontées au défi de l’opérationnalisation des produits sur le marché. Ce défi exige une expertise de l’industrie, mais cette expertise devra quand même provenir des laboratoires d’IA du milieu universitaire.
Selon notre dernière carte des acteurs canadiens de l’IA, l’écosystème devient de plus en plus rationalisé à mesure que les gagnants et les perdants émergent. L’une des principales mesures de la croissance de l’écosystème que nous avons examinées a été le nombre d’entreprises d’IA qui visualisent leurs logos sur une « carte » pour montrer au monde (et à nous-mêmes) que le Canada est une force dans la compétition mondiale pour appliquer cette technologie. Aujourd’hui, le taux de croissance de ces logos se dégonfle à mesure que de plus en plus de compagnies d’IA quittent le marché au milieu de la concurrence pour trouver des produits adaptés au marché.
Cependant, le taux croissant d’attrition ne signifie pas que la taille brute de l’écosystème diminue. D’autres mesures montrent que le processus de découverte de l’adéquation produit-marché fait effectivement des gagnants. De 2017 à 2018, les entreprises canadiennes d’IA ont vu leurs investissements plus que doubler pour atteindre 660 millions de dollars, dont une grande partie est destinée à des rondes de financement ultérieures. Au cours de la même période, le chiffre d’affaires des entreprises canadiennes de solutions d’IA pour les entreprises a augmenté de 65 % par rapport à l’année précédente et représente maintenant près de 5 % de l’ensemble des revenus du marché des solutions pour les entreprises.
Comptabiliser le total brut des acteurs de l’écosystème est en train de perdre de sa pertinence. Le taux d’attrition des entreprises d’IA continuera d’augmenter à mesure que les gagnants émergeront. Pour mieux comprendre la santé et la croissance de l’écosystème canadien de l’IA, nous devrons examiner de plus près l’adéquation produit-marché et la façon dont les entreprises y parviennent ou non. Ci-dessous, je partage ce que je pense qu’il sera important de suivre à l’avenir. Je salue également les idées de la communauté sur les signaux que nous devrions surveiller.
Suivi d’un écosystème plus mature
Il y a de multiples raisons pour lesquelles une compagnie d’IA peut quitter le marché : certaines ferment parce qu’elles n’arrivent pas à trouver leur adéquation produit-marché avant de manquer d’argent; d’autres se réorientent, car elles ne peuvent tenir leur promesse en matière d’IA, mais ont quand même des produits viables; d’autres encore sont acquises et contribuent à la croissance d’une autre compagnie d’IA.
L’un des thèmes connexes qui doit retenir l’attention dans toutes ces histoires est le talent dans le domaine l’IA. C’est un grand défi de l’écosystème de l’IA que de prouver la valeur potentielle de l’application de l’IA, et le talent est au cœur de ce défi. Les problèmes particuliers sont les données, les algorithmes et le changement organisationnel. Chacun de ces problèmes exige des personnes talentueuses qui comprennent parfaitement la technologie et le domaine d’application.
L’expertise technique proviendra du milieu universitaire, comme cela a toujours été le cas. L’évaluation de la robustesse de ce système de recherche et de formation, et l’assurance qu’il reçoit un soutien suffisant, peuvent être entreprises sur une base relativement banale : nombre de professeurs, de doctorats et de nouveaux programmes tels que la maîtrise appliquée.
La meilleure façon d’acquérir une expertise appliquée et de transmettre les nouveaux développements cruciaux dans le domaine de la recherche fondamentale sera d’établir des liens entre les laboratoires universitaires et l’industrie par l’entremise de l’écosystème des entreprises d’IA et des laboratoires d’entreprise. Certes, de bonnes expériences de formation peuvent être trouvées dans les laboratoires d’entreprise, mais la grande majorité des bons talents et des progrès scientifiques proviendront encore des programmes universitaires. Les possibilités de collaboration sont nombreuses avec au moins 70 laboratoires d’IA d’entreprise parmi lesquels choisir, bien que l’écosystème devrait veiller à équilibrer le maintien des professeurs à temps partiel pour qu’ils puissent continuer à enseigner. Par conséquent, l’orientation du soutien et le suivi de l’efficacité devraient découler des liens entre les professeurs (qui continuent d’enseigner) et les industries.
Nous assurer de prouver le potentiel de l’IA
Alors que les applications d’IA sont de plus en plus utilisées au quotidien, comment pouvons-nous différencier les entreprises qui offrent le plein potentiel du progrès universitaire? Ce sont les organisations qui ont effectivement intégré des systèmes d’apprentissage actif à leurs activités qui maintiennent le pipeline nécessaire entre le milieu universitaire et l’industrie. Pour que le Canada conserve son avantage concurrentiel en matière d’IA, les prochaines versions de la carte devront mettre l’accent sur les organisations qui exploitent, à l’échelle, des systèmes qui apprennent et s’améliorent continuellement de leurs interactions.
Ce groupe ne devrait pas inclure les organisations qui ont téléchargé des modèles préformés, ni même celles qui ont un laboratoire, mais qui n’ont pas encore mis en œuvre des systèmes qui apprennent continuellement. Ce sont d’importantes défenseures de l’écosystème, mais elles représentent une plus grande part de la demande sur le marché. Le suivi distinct de l’état de préparation de ces organisations (données, infrastructure, volonté, etc.) sera une mesure importante pour comprendre la santé de l’écosystème et les forces d’attraction qui le maintiennent en vie.
Au-delà de ces angles proposés, j’invite les autres à suggérer ce qu’il faudrait suivre pour comprendre la santé de l’écosystème de l’IA au Canada afin de nous assurer que nous gardons notre avance et que nous tirons le meilleur parti de nos recherches de calibre mondial.
Continuer à fournir le bon soutien
Une autre motivation pour ces rapports a été d’encourager le bon type de soutien et de comportement en montrant au fil du temps les effets positifs de notre collaboration comme un écosystème. Lorsque le monde a commencé à reconnaître l’importance de l’IA, l’un de nos plus grands problèmes a été l’afflux de talents du Canada aux États-Unis, y compris des professeurs. Aujourd’hui, nous avons presque éliminé la croissance nette négative du nombre d’experts en IA, en partie grâce à un revirement massif des politiques d’immigration (merci Stratégie en matière de compétences mondiales). De plus, l’augmentation du financement a fait beaucoup pour créer des emplois viables pour les nouveaux diplômés qui sortent de nos universités. Pour parvenir à une forte croissance nette positive des talents, il faudra persister dans ces politiques et augmenter le nombre de personnes qui suivent une formation en IA.
Au cours des dernières années, le milieu universitaire et le monde des affaires ont pris conscience que, même si les professeurs assument des travaux privés pour transférer la recherche à l’industrie, ils devraient garder un pied dans les universités pour enseigner à la prochaine génération. Encore une fois, le financement essentiel s’est bien associé à ce changement d’état d’esprit : les gouvernements du Canada et des provinces ont doublé les programmes d’éducation et de perfectionnement qui se concentrent sur ce domaine grâce à des crédits d’impôt et à d’autres incitatifs.
Il faudra plus de temps pour voir les résultats de ces changements puisque les PhD sont d’une durée de 5 à 7 ans et qu’il faut aligner la politique à ses propres échéanciers particuliers. Si nous maintenons notre collaboration et nos efforts pour assurer la santé à long terme de l’écosystème, il faudra encourager les élèves à poursuivre leurs études plus tôt en sciences et en mathématiques, ne pas abandonner les politiques d’immigration temporaire et respecter les valeurs canadiennes libérales qui font de notre pays un endroit si attrayant pour travailler et qui ont un effet positif sur le monde.
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